INTERVIEW DE MOUSTAPHA TOURE, PRESIDENT DEMISSIONNAIRE DE LA CENA

LՎnigme de lՎlection de 2007 se trouve dans le fichierINTERVIEW DE MOUSTAPHA TOURE, PRESIDENT DEMISSIONNAIRE DE LA CENA dans Actualit̩ arton1091-3a26b

 

 

lundi 21 décembre 2009

C’est un homme calme qui se dit apaisé que nous avons rencontré pour faire le point avec lui sur ses quatre ans de présence à la tête de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA). Moustapha Touré a été forcé à la démission par le chef de l’Etat qui s’est montré particulièrement revanchard et singulièrement disgracieux à son égard. Pourquoi le président de la République lui en a-t-il voulu, au point de provoquer sa démission, en violation flagrante des dispositions de la loi, à la fois dans le texte et dans l’esprit de celle-ci ? Moustapha Touré n’a-t-il pas accepté d’être le godillot qu’on a voulu faire de lui ? C’est possible ! Moustapha Touré rassemble un faisceau d’indices pour tenter de trouver une explication au comportement du président de la République qui a exigé son départ de la tête de la CENA. Il fait défiler dans sa tête une série de faits, mais reste cependant convaincu que la volonté de la CENA de chercher à maîtriser en 2007 le fichier électoral est une cause principale, parmi tant d’autres. On ne lui pardonnera jamais sa trop grande curiosité relative à la consistance effective du fichier électoral, sur la base duquel l’élection présidentielle tenue le 25 février s’est déroulée. Cette curiosité a, sans aucun doute, été à la base de l’animosité tenace que lui voue le président Abdoulaye Wade. On pourrait croire, en écoutant les explications du juge à la retraite à ce sujet, que l’énigme qui entoure l’élection de Me Abdoulaye Wade au premier tour du scrutin en 2007 se trouve là. Dans cet entretien l’ancien président de la CENA explique, qu’à la lumière de son expérience, qu’il est arrivé à la conclusion que la mise en place au Sénégal d’une Commission Electorale Indépendante s’impose. Car pour lui, des structures comme la CENA trouvent leurs limites réelles dans le statut du ministre de l’Intérieur qui organise les scrutins. Membre de la majorité en compétition, organisateur nécessairement partisan du vote, le ministre de l’Intérieur n’aura jamais la dignité et l’élégance de jouer loyalement le jeu. Moustapha Touré a travaillé avec trois ministres de l’Intérieur. Ils ont tous eu, selon lui, des comportements inqualifiables, empêchant la CENA de faire avec efficacité son travail de contrôle. Cheikh Tidiane, Sy aura remporté dans ce jeu la triste médaille de l’indélicatesse et de l’arrogance hautaine, dans sa manière de conduire le jeu électoral en relation avec la CENA. Moustapha Touré, en exclusivité pour la Gazette.

La Gazette. Pouvez-vous, Monsieur le président, affirmer et soutenir devant les Sénégalais, comme l’a indiqué la presse nationale, que le président de la République vous a demandé de démissionner de vos fonctions à la tête de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) ?

Moustapha Touré. Je vous remercie de l’occasion que vous m’offrez ainsi, en me permettant de m’adresser dans vos colonnes à l’opinion publique nationale et même internationale. Car je considère, pour ma part, que ce qui se passe au Sénégal, relativement à la conduite de notre projet démocratique national, ne saurait laisser les autres pays indifférents, en particulier les peuples qui nous entourent et qui se battent parfois au prix de leur vie, pour asseoir la démocratie chez eux. Auparavant, je rendrai grâce à Dieu de m’avoir donné la chance, après ma retraite d’une longue carrière de juge, de servir à nouveau mon pays à un haut niveau de responsabilités. Quand le chef de l’Etat m’a appelé en 2005, pour diriger la CENA, j’avais une claire conscience de la délicatesse de la nouvelle mission qui m’était confiée. J’étais également certain que des difficultés ne manqueraient pas de se poser pour la conduire. Vous vous souvenez que, dès ma nomination, l’opposition avait contesté le choix du chef de l’Etat, en expliquant que le statut de mon épouse qui est une militante du Parti démocratique sénégalais constituait un motif valable de disqualification du choix porté sur ma personne.

A l’époque, j’avais expliqué que je souhaitais être jugé sur pièces. A l’arrivée, les faits, tels qu’ils se présentent à nous aujourd’hui, laissent voir que je n’ai été qu’au seul service de la loi et au service de l’idéal démocratique. J’ai été loyal, comme je l’ai toujours été, durant ma longue carrière de juge. Et c’est cela qui a peut-être dérangé certains qui croyaient pouvoir faire de moi un pantin à leur solde. Je ne l’aurai jamais accepté !. En tous les cas, j’ai toujours vécu en essayant du mieux que je pouvais, d’agir autour de trois principes : ne jamais mentir, ne jamais tricher, ne jamais violer ma conscience. Vous comprenez que dans de telles conditions et dans un pays où beaucoup de gens jouent trop souvent avec de telles valeurs, que certains ne puissent pas s’accommoder de mes principes. Le mieux, c’était peut-être que je parte, pour ne pas bloquer l’institution. J’ai voulu éviter de focaliser négativement l’attention sur ma personne, au risque de rendre inefficace l’action de la CENA.

Est-ce-que vous pouvez être plus précis sur la demande de démission du chef de l’Etat qu’il aurait formulée à votre endroit. Est-ce qu’il vous a demandé de démissionner ?

J’ai entendu dire que je suis parti de la présidence de CENA par convenance personnelle. Cette façon de parler me semble être un raccourci qui ne reflète pas la vérité des faits et mérite que certaines choses soient clarifiées pour le bénéfice de l’histoire. Le président de la République m’a demandé de venir le voir en audience et celle-ci a eu lieu le 5 novembre 2009 au palais de la République.

Quand je suis arrivé à son bureau, il m’a parlé clairement, en expliquant que je n’avais plus sa confiance. Il a répété plusieurs fois cette phrase : « vous êtes contre moi, vous combattez mon parti ».

Etant donné que vous n’avez plus ma confiance, ajoutait-il, je vous demande de me remettre le mandat que je vous avais confié, quand cette confiance perdue était là. J’ai demandé au président de la République de m’accorder un délai de réflexion pour lui donner ma réponse. Il a répondu non, il fallait que je sorte de l’audience avec la démission posée sur sa table. Je n’ai pas obéi, je savais que les caméras de la télévision étaient disposées en lieu indiqué pour recueillir ma déclaration. Pour moi, il n’était pas question de céder, car il faillait que je consulte, après réflexion, ma famille, mes amis et certains de mes proches. Je comprenais les intentions du chef de l’Etat. Je devais cependant tenir compte de quelque chose qui nous dépasse tous les deux : l’avenir du pays et la conduite de son destin. Or, prendre une décision, comme celle que le chef de l’Etat exigeait de ma part, méritait bien un délai de réflexion, car l’avenir politique était effectivement mis en jeu.

Vous avez un temps résisté à la pression, mais vous avez finalement rendu votre démission. Pourquoi ?

Des pressions, je peux vous dire que j’en avais déjà vu passer, dans ma longue carrière de juge. J’ai toujours fait les choses et agi, selon ce que me dictait ma conscience. Jamais comme certains voulaient que j’agisse. Permettez-moi de faire un petit saut dans l’Histoire, pour mieux me faire comprendre. Je rappelle pour certains et pour d’autres je leur apprends, que c’est moi-même qui, en ma qualité de doyen des juges d’instruction du tribunal de Grande instance de Dakar de l’époque, avais pris la décision d’inculper les agents pénitentiaires qui avaient sous leur responsabilité la garde du détenu Oumar Blondin Diop. Ils étaient trois, mais je n’avais prononcé que l’inculpation de deux d’entre eux, en attendant de le faire pour le troisième. A l’époque, nous étions sous le règne absolu d’un parti unique. L’ordre qui était en vigueur laissait peu de liberté de manœuvres aux hauts fonctionnaires que nous étions.

Et pourtant, j’avais accompli avec responsabilité et de façon loyale mon devoir de juge, là où d’autres auraient choisi de faire autre chose, en obéissant aux ordres émanant de l’autorité politique. J’avais naturellement refusé et étais arrivé à une décision d’inculpation, car j’étais convaincu, contre l’avis de mon ministère et de l’Etat, que le détenu ne pouvait pas se suicider. Cela était impossible dans les conditions où le rapport d’autopsie présenté voulait faire accréditer la thèse du suicide. J’ai été renforcé dans une telle conviction par les relevées sur la main courante de la prison. Celle-ci portait des mentions édifiantes à cet égard. Cette main courante mentionnait en effet que le détenu Oumar Blondin Diop s’était évanoui, dans le courant de la semaine où il a été déclaré mort par suicide. Or, il n’a été mentionné nulle part sur cette même main courante d’examen médical ordonné, en vue de déterminer les causes de l’évanouissement constaté. Les circonstances laissaient voir des indices crédibles et concordants, tendant à prouver que le suicide, officiellement évoqué pour justifier la mort d’Oumar Blondin Diop, était en réalité un maquillage. J’ai alors décidé, dans le secret de mon cabinet d’instruction d’inculper.

Après cette inculpation, jugée téméraire à l’époque, j’ai immédiatement été affecté. Dix jours après, j’ai été promu président du tribunal de Dakar et conseiller à la Cour d’Appel. Disons qu’à l’époque c’était comme une sorte de promotion-sanction qui tentait de masquer sa vraie nature. Je n’évoque pas cet épisode de ma carrière, pour me forger un quelconque statut ou pour magnifier un rôle particulier propre et exceptionnel, dans la conduite de ma carrière professionnelle. Je me suis décidé à le faire, pour vous dire que ce n’est pas à 81 ans, que je vais céder à des pressions qui vont ainsi m’amener à violer ma conscience. M’étant toujours refusé à cela, ce n’est certainement pas au crépuscule de ma vie que l’on va m’y amener. Il y a plusieurs faits et dossiers que je peux évoquer, ici, pour vous expliquer quel sens j’ai voulu donner à mon action, au cours de ma carrière. J’ai toujours agi dans le passé en ayant en ligne de mire : l’équité, la justice et le sens du devoir, tel que prescrit au magistrat par la loi. Je citerai, par exemple, l’affaire Abdou Magib Ndao et le procès devant la Cour d’Assises de Dakar de l’assassin présumé d’une ressortissante américaine.

Dans les deux cas, j’ai subi les pires pressions, pour rendre des décisions contraires à la loi et à mon intime conviction de juge. J’ai refusé de céder, car j’étais d’avis que les décisions sollicitées auprès de ma juridiction l’avaient été pour des motifs inacceptables en droit. Dans l’une des deux affaires, le cas Abdou Magib Ndao, je signale que la présidence de la République tenait à ce qu’il soit débouté d’une action légitime et juste. Dans l’autre cas, c’est l’ambassade des Etats-Unis à Dakar qui voulait une condamnation à tout prix d’un coupable présumé qui pour nous, était plutôt une victime. Il était une simple victime, au vu du dossier présenté par l’accusation aux Assises. J’avais refusé. Quand on a connu de tels moments dans une carrière, on peut voir venir avec beaucoup de sérénité des pressions de toute nature, sans être vraiment déstabilisé.

Pour répondre directement à votre question, j’ai effectivement démissionné, pour donner suite à la demande du chef de l’Etat, après l’avoir invité dans ma lettre du 23 novembre 2009 à me démettre. Je savais qu’il n’en avait aucun moyen juridique de le faire, mais je tenais à ce qu’il assume publiquement son attitude, dans le strict respect du parallélisme des formes.

Vous avez effectivement pris ce délai de réflexion, vous avez d’abord dit non au président de la République et vous avez ensuite donné suite à sa demande. Pourquoi vous vous êtes rétracté ?

Je rappelle que mon audience avec le chef de l’Etat s’est déroulée le 5 novembre, j’ai observé trois semaines de réflexion, à la suite desquelles je lui ai transmis ma lettre l’invitant à me démettre, si telle était sa volonté, le 23 novembre 2009. J’étais parfaitement en accord avec moi-même. Quelques jours plus tard j’ai effectivement préparé une autre correspondance pour lui annoncer ma démission. Celle-ci lui a été transmise le 26 novembre précisément par l’entremise de Mme Aminata Tall, la Secrétaire générale de la présidence de la République. Celle-ci s’est présentée à moi, alors que le président de la République n’avait pas encore répondu à ma première lettre, pour me demander de rendre ma démission, telle que le chef de l’Etat me l’avait demandé. Elle avait fait cette démarche, disait-elle, pour m’éviter des ennuis et pour préserver la dignité des institutions, car expliquait-elle, un bras de fer au sommet de l’Etat n’aurait apporté rien de positif au pays. Je lui ai d’abord expliqué ma position de principe. J’avoue que j’ai été sensible à certains de ses arguments qui me paraissaient fondés. J’ai alors réfléchi et consulté ma famille, mes amis et certains proches.

Au sortir de ces consultations, j’ai compris qu’il ne m’était plus possible de maintenir mon refus de partir. Le maintien de ma position pouvait conduire la CENA dans l’impasse. Celle-ci était déjà du reste victime d’un ostracisme inexplicable et paralysant de la part du président de la République. Si je continuais à la tête de cette institution je n’aurai pas rendu service à la démocratie, encore moins au pays. Il fallait choisir, j’ai alors choisi de partir. Je sais que certains compatriotes me critiquent pour avoir fait un tel choix. Je les comprends.

Seulement, en choisissant de partir et en privilégiant la démarche qui a été la mienne, j’espère être arrivé à attirer l’attention des citoyens de ce pays et celle de tous les acteurs du jeu politique, sur des faits graves susceptibles de porter atteinte à la crédibilité des élections organisées dans notre pays. Je pars, en invitant tout le monde à assumer ses responsabilités. Il s’agit bien de la responsabilité que les unes et les autres doivent pleinement assumer dans la construction de notre projet démocratique. Nous en convenons tous : ce n’est pas la résistance d’un homme qui règle une question aussi grave que celle relative au contrôle des élections dans un système démocratique comme le nôtre. Certes, une telle résistance peut y aider. Mais elle ne saurait cependant à elle seule suffire pour bâtir un système de contrôle efficace. J’espère que ce qui est arrivé aidera à mieux le comprendre.

Quand vous avez été nommé président de la CENA en 2005, l’opposition avait considéré que le statut de votre épouse, reconnue militante du PDS, constituait un motif de disqualification du choix porté sur vous, à l’époque. Après ce qui s’est passé, considérez-vous que vos détracteurs avaient tort de critiquer votre nomination ?

Je ne le dirai pas comme cela. La matière électorale est par essence une affaire sensible, suscitant beaucoup de passions et soulevant aussi des soupçons parfois justes parfois injustes, en particulier dans nos pays en voie de développement. En apprenant que ma femme était une militante du PDS, l’opposition avait sûrement raison de ne pas avoir un préjugé nécessairement favorable. Je comprends cela. Seulement, j’avais trouvé que certains commentaires visant mon intégrité étaient injustes et exagérés. En tout état de cause, à l’arrivée, c’est la majorité qui m’avait nommé qui déclare aujourd’hui que je suis contre elle et que je la combats, en utilisant ma position. Cette accusation m’est aussi insupportable que les attaques d’hier. Cette accusation est fausse. Elle a cependant au moins l’avantage de prouver que les soupçons qui pesaient au départ sur ma personne n’étaient pas fondés. J’avais dit à l’époque que je voulais être jugé sur pièces. Vous permettrez, pour la première fois, que je réponde à l’argument tiré en son temps du militantisme de mon épouse, pour tenter de disqualifier ma présence à la présidence de la CENA. Je pense que cela mérite clarification. Mon épouse est effectivement devenue militante du PDS, après avoir été pendant toute sa vie militante, membre active du Parti socialiste (Ps). Elle a même été la collaboratrice du Secrétaire général de la coordination départementale de Mbour où elle a toujours milité.

Celui-ci n’était personne d’autre que le Premier secrétaire du PS, en l’occurrence Ousmane Tanor Dieng. Mon épouse a rejoint le PDS pour aider son oncle Youssou Diagne, conformément aux traditions familiales en cours dans ce pays, quand ce dernier est devenu président de l’Assemblée nationale et un membre important du PDS. Et comme ferait sûrement n’importe quel autre Sénégalaise ou Sénégalais, placé dans la même situation qu’elle. Je n’en dirai pas plus. Je vais vous expliquer, en 1995, alors que j’étais en activité, j’ai reçu une lettre de sommation m’intimant l’ordre de quitter mon logement de fonction.

Quand j’ai reçu la sommation en question, je me suis rendu à la Direction du patrimoine bâti de l’Etat, pour signaler aux fonctionnaires qui m’ont envoyé la lettre que je n’avais pas encore reçu mon décret de notification de mon départ à la retraite. J’ajoutais que j’attendais qu’il en soit ainsi pour quitter mon logement. Quand j’ai expliqué ma situation, le premier responsable, ayant en charge la Direction du Patrimoine Bâti de l’Etat, s’est excusé auprès de moi et m’a ensuite fait comprendre que ses services avaient reçu des instructions dans ce sens. Lesquelles instructions qui, selon lui, lui étaient parvenues du cabinet du ministre d’Etat, ministre des Affaires et Services présidentiels. Quelques mois après ma visite, j’ai atteint l’âge de la retraite. J’ai reçu le décret de cessation de service dûment notifié, j’ai alors immédiatement quitté mon logement. Pourtant, au même moment, je connaissais au moins trois de mes collègues magistrats, partis à la retraite, trois ans auparavant, qui conservaient leurs logements de fonction. Je n’avais sollicité aucune faveur particulière, préférant me conformer aux prescriptions de la loi, en la matière. Cette attitude a toujours constitué mon crédo dans la conduite de ma double vie sociale et professionnelle et il en a toujours été ainsi.

Je suis un croyant, un homme de foi. En tout, je mets Dieu en avant, pour agir. Et c’est la raison pour laquelle, je n’ai jamais eu d’appréhensions particulières, quant à ma loyauté et à mon impartialité dans l’exercice de mes fonctions de président de la CENA.

En tenant compte de la tournure de vos rapports avec le président de la République et avec le recul, pourquoi pensez-vous qu’il avait porté son choix sur vous ? Et pourquoi, selon vous, en est-il arrivé à cette position extrême ?

Je ne sais pas exactement pourquoi il m’avait choisi. Je pense, peut-être naïvement, que la conduite de ma carrière professionnelle a été pour l’opposant qu’il fut et pour le président qu’il est devenu, un élément déterminant dans son choix. Je n’avais aucune raison d’en douter : le chef de l’Etat m’a toujours affirmé sa volonté et son souci de faire tenir des élections libres et transparentes dans le pays. Peut-être, aussi, on a cru, quelque part, qu’avec mon départ à la retraite, accompagné des honneurs et des fastes du pouvoir, je deviendrai nécessairement quelqu’un d’autre. Celui qui rompt avec les principes qui ont toujours guidé sa vie et son action. Si tel était le calcul fait à l’époque, on aura alors vite compris que je ne pouvais pas changer, à l’âge qui est le mien. Il m’est difficile de répondre directement à la question : pourquoi il m’a choisi. Je sais qu’entre l’avocat qu’il fut et le juge que j’étais, il y avait une estime réciproque. Peut-être aussi qu’il m’avait choisi, car il savait, comme je le disais dans ma lettre du 23 novembre 2009, que j’ai toujours conformé mes actes avec la vérité, je n’ai jamais accepté de tricher, ni de mentir, encore moins de violer ma conscience. Et si c’est cela qui est considéré comme un parti contre le parti de la majorité et son chef, alors là, je ne comprends plus. Sincèrement, je ne sais pas trop pourquoi le président de la République m’avait choisi pour diriger la CENA.

Est-ce vous disposez d’éléments concrets qui vous permettent d’expliquer pourquoi le président de la République en est venu à considérer que vous êtes contre lui et son parti ?

Aussi loin que je cherche dans ma mémoire, je ne dispose pas d’éléments me permettant de dire avec certitude, voila pourquoi le chef de l’Etat a considéré que je suis contre son parti et contre lui-même. Je peux cependant essayer de rassembler quelques faisceaux d’indices, des faits qui ont pu l’amener à le croire.

Pouvez-vous en citer quelques uns ?

Je situe le premier désaccord constaté entre le président de la République et la CENA, le jour où il a reçu en audience notre bureau et que nous avons tenté avec lui de régler la question des certificats administratifs d’inscription sur les listes électorales. Vous vous souvenez, une réforme ayant soulevé la polémique avait été adoptée par décret, relativement aux conditions d’inscriptions sur les listes électorales. Cette réforme laissait la possibilité, à tout individu désirant s’inscrire sur les listes électorales de le faire sur la base d’un simple certificat administratif établi par des gendarmes. Sur une simple requête autorisée par le procureur de la République, une personne pouvait solliciter et obtenir ce certificat qui était matérialisée par un acte établi à la gendarmerie, sur la foi de deux témoignages, certifiant que vous êtes bien Sénégalais. Cette réforme, comme vous vous en souvenez, avait soulevé un tollé dans l’opinion. La CENA avait à l’époque publiquement pris position contre. Elle considérait à juste titre que le décret qui l’autorisait était en porte-à-faux avec la loi. A la suite de cette prise position publique, le président de la République a reçu en audience au palais le bureau de la CENA. C’était un vendredi. Il me peine de raconter dans quel état s’est déroulée cette audience.

Pour faire simple, disons que le président de la République n’avait pas du tout apprécié notre prise de position et nous l’avait fait comprendre. Il avait menacé de dissoudre la CENA si cela devait continuer, précisa-t-il. Calmement et fermement nous n’avions pas manqué de lui expliquer le bien fondé de notre position, en réaffirmant les principes sur lesquels reposaient cette position.

Cette position était naturellement conforme aux recommandations qui étaient celles que nous avions reçues de lui au moment où nous avons été nommés. Je rappelle que c’est le chef de l’Etat lui-même qui en nous recevant après l’installation de la CENA disait que nous devions obéir qu’à la loi et rendre compte à notre propre conscience. C’est ce que nous avions fait, je crois en nous opposant à la mise en application du décret instituant ces fameux certificats administratifs. En venant en audience au palais de la République, je signale que c’est le chef de l’Etat qui a pris l’initiative d’organiser la rencontre, nous étions loin de nous douter de ses préoccupations. Quand nous sommes arrivés, il a pris la parole pour nous faire part de sa déception. Il s’est même quelque peu emporté, en menaçant de dissoudre la CENA. Ainsi, disait-il, vous faites des interviews et publié partout dans la presse des communiqués. C’est quoi tout cela, se demandait-il. L’ancien premier ministre Macky Sall était présent à l’audience ? La réunion s’est terminée, je peux dire, en queue de poisson et le président de la République nous a expliqué qu’il fallait interrompre les discussions, car il devait se rendre à la mosquée pour la prière du vendredi, laissait-il entendre. Nous nous sommes ainsi quittés et il nous demandera de revenir le voir le mercredi suivant. C’est ce que nous avons fait.

Comment s’est passée cette deuxième rencontre ?

Elle s’est passée dans de très bonnes conditions. Quand nous sommes venus nous avons trouvés sur place le président de la République, le premier ministre Macky Sall, le ministre du budget Adjibou Soumaré. Abdoulaye Wade a été particulièrement avenant. Il sera d’accord avec nous sur toute la ligne surtout en ce qui concerne les certificats administratifs. Macky Sall et Adjibou Soumaré qui semblaient poser quelques difficultés sur le règlement de certaines questions liées, par exemple, à la disponibilité de notre budget et au financement de nos activités, ont été parfois rudement secoués par le président de la République.

Nous sommes sortis de cette audience rassurés par le comportement du président de la République et certains d’entre nous ont eu le sentiment qu’il avait regretté le déroulement de la première audience.

Ne pensez-vous pas, après tout ce qui s’est passé, que le président de la République vous a joué une pièce de théâtre, en orchestrant un jeu de rôle, avec comme acteurs principaux, son premier ministre et son ministre du budget jouant les méchants et lui le doux gentil… ?

(Ndlr : il hésite, fixe le plafond de son salon où se déroule l’entretien). Je ne peux pas le dire. Nous avons été rassurés et c’était l’essentiel. Après cette audience, nous pensions que tout se passerait normalement et que nous n’aurions plus de problèmes majeurs à régler encore dans la conduite de notre mission, ni dans nos rapports avec l’autorité administrative, en particulier avec le chef de l’Etat et avec le ministre de l’Intérieur.

Tel n’a pas été le cas certainement ? On peut imaginer qu’il y a eu d’autres difficultés réelles que vous avez rencontrées dans vos rapports avec l’autorité et qui ont pu conduire le président de la République à vous demander aujourd’hui votre démission et à considérer que vous avez perdu sa confiance ?

Comme je vous l’ai déjà dit, je ne vois pas de faits précis, pour répondre de façon affirmative à votre interrogation. Je vois plutôt des indices probants qui me le font croire. Vous vous souvenez, c’était, je crois, au courant du mois de janvier 2007, le ministère de l’Intérieur venait d’annoncer la fin des opérations d’inscription sur les listes électorales. Le ministre nous a alors transmis une clé USB qui contenait tous les noms des électeurs constituant l’ensemble du fichier électoral.

Quand nos services informatiques ont déchiffré et lu le contenu de la clé, ils ont alors constaté un gap entre le nombre d’inscrits officiellement annoncés par les services du ministère, par la Direction de l’automatisation du fichier (DAF), notamment, et le nombre d’électeurs présents sur le fichier qui nous a été remis.

Quand cela a été annoncé, la réponse du ministre de l’Intérieur de l’époque a été de dire que les informaticiens de la CENA étaient incompétents et que nous ne disposions pas de machines (ordinateurs) assez puissantes pour lire tout le contenu du fichier qui nous a été remis. Nous n’avions pas voulu polémiquer. A l’époque, la CENA avait engagé une mission sur l’ensemble du territoire national pour vérifier sur le terrain notre dispositif de travail et pour noter les difficultés et obstacles qui pourraient gêner la conduite de notre mission. Au terme de cette mission, j’ai fait un rapport au chef de l’Etat, en lui demandant de réunir sous son égide, tous les acteurs du jeu électoral et pour que tous, dans un esprit de collaboration loyale et franche, cherchent les solutions idoines à apporter aux problèmes relevés. Problèmes divers et multiples qui se posent à tous les niveaux d’exécution des tâches des uns et des autres. J’ai transmis le rapport au chef de l’Etat. Ce dernier n’a pas réagi. C’est après que le ministre de l’Intérieur de l’époque, Ousmane Ngom, m’a appelé au téléphone, pour savoir si j’avais sollicité une audience auprès du chef de l’Etat. Je lui ai répondu que non. En lui précisant que j’avais demandé au président de la République de faire convoquer sous son autorité une réunion qui rassemblerait tous les acteurs du jeu électoral, en vue de régler toutes les difficultés liées à l’exécution pratique de leurs missions respectives. Je pensais, en faisant cette demande qu’il fallait harmoniser les démarches et les points de vue des uns et des autres. Points de vue qui n’étaient pas toujours nécessairement identiques et convergents.

Est-ce que le président de la République a donné suite à votre requête ?

Je vous ai dit tantôt que le ministre Ousmane Ngom m’a appelé pour savoir si j’avais sollicité une audience avec le chef de l’Etat. Je suppose que c’est le président de la République qui l’avait instruit, pour discuter avec moi de la réunion au sommet dont j’avais sollicité l’organisation et qui devait concerner tous les acteurs du jeu électoral. En tout état de cause, le ministre m’a dit au téléphone qu’il était préférable que nous nous rencontrions à deux, pour régler tous les problèmes qui se posent. Je n’y voyais pas d’inconvénients. Pour moi, le plus important c’était que nous parvenions à régler les problèmes et toutes les difficultés. Nous avons ainsi convenu d’une rencontre. Ousmane Ngom a eu une attitude inqualifiable quand j’ai sollicité auprès de lui des éclaircissements concernant le corps électoral, en particulier sur le nombre exact d’électeurs inscrits sur le fichier. Je ne pouvais pas me contenter de la réponse qu’il avait fournie publiquement, en disant que les machines de le CENA n’étaient pas assez performantes pour lire le matériel fourni par ses services. Cet argument était pour nous irrecevable, comme l’était tout autant, celui mettant en doute les compétences de nos informaticiens.

Quand j’ai insisté auprès du ministre de l’Intérieur, il n’a eu que cette réponse : « je ne vous donne aucun chiffre, vous devez vous contenter de ce que vous avez ». J’ai continué mon propos, en lui expliquant que j’étais venu pour disposer des informations indispensables pour la conduite de notre mission. Le ministre s’est alors brusquement soulevé de son siège, pour effectuer quelques pas dans la salle et a commencé à proférer des menaces. Il continue son numéro pour souligner : « si je disais ce que je sais de la CENA, nous n’en serions pas là ». Et à moi de lui rétorquer « si je savais que vous auriez eu un tel comportement, je n’aurai pas franchi la porte de votre bureau pour être là ». La réunion a alors pris fin.

Depuis cette date, comment ont alors évolué les relations de la CENA avec les autorités ?

Je peux dire que depuis cette date nous cherchons à en savoir plus sur la composition et le contenu du fichier électoral. Par conséquent, nos relations avec les autorités étaient devenues exécrables, voire nulles. C’est à partir de ce moment que la présence de la CENA a été supprimée sur l’ordre établi du protocole d’Etat. Son nom appelé juste après la Médiature a été effacé. Le président de la République refusait même de me saluer, quand je prenais part, par exemple, à la cérémonie de rentrée solennelle des Cours et Tribunaux. Dans certains cas, il a préféré appeler les personnes assises à mes côtés en leur nom, plutôt que de leur serrer la main, au risque de prendre la mienne. En définitive, j’ai conclu que ma présence prolongée à la tête de la CENA aurait eu des conséquences non désirées et j’ai compris qu’il fallait mieux que je parte, comme me l’a demandé le chef de l’Etat. Je n’ai jamais imaginé qu’une telle conception de l’Etat pouvait exister au Sénégal qui plus est au plus haut sommet de la hiérarchie.

Vous êtes déçus ?

Il ne s’agit pas d’une déception personnelle, mais d’une tristesse doublée dune inquiétude pour mon pays.

Maintenant que vous avez quitté la présidence de la CENA, pouvez-vous faire un bilan même sommaire de votre travail et celui de l’équipe que vous avez dirigée pendant quatre ans ?

Nous avons essayé du mieux que nous pouvions de travailler, pour que toutes les élections soient organisées au Sénégal dans des conditions optimales de transparence et de crédibilité. A la suite de chaque scrutin, nous avons produit un rapport circonstancié pour dire ce qui n’allait et ce qu’il fallait améliorer. Ces rapports, je n’ai jamais pu les présenter au président de la République. Il me l’a toujours refusé. Il a reçu, alors que je séjournais en France, une délégation de la CENA, conduite par le vice-président de l’instance, Pape Sambaré Diop, qui lui a présenté le rapport de l’élection présidentielle de 2007, celui des élections sénatoriales et législatives. Ce qui était important c’était qu’il les reçoive. On peut cependant déplorer que rien n’ait été fait pour aller dans le sens des recommandations que nous avons formulées à l’endroit de l’autorité.

Si on vous comprend bien la CENA a été presque une instance inutile.

Ce n’est pas juste de parler ainsi. Disons que son travail est largement perfectible, il faut cependant de la volonté politique et un engagement sincère de l’autorité, celle de tous les acteurs du jeu électoral, pour que la CENA soit efficace et encore plus utile qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Qu’est-ce qu’il faut pour faire le travail attendu d’une instance de contrôle comme la CENA ? Pensez-vous qu’il faut passer à une deuxième étape qui consisterait à mettre en place une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) ?

Oui, je le pense. Vous savez, avec la formule de la CENA, il faut que tous les acteurs collaborent sincèrement et loyalement, pour que les objectifs de transparence et de crédibilité soient atteints. A défaut, on peut toujours faire des incantations, se contenter de pétitions de principes, mais rien de bien décisif ne sera obtenu.

Je pense qu’il faut passer à une autre étape, en instituant une CENI. Il y a un autre point que je veux souligner : le contrôle des élections requiert la vigilance et la participation de tous, les citoyens et les partis politiques. Je déplore que le niveau de représentation des partis de l’opposition dans les bureaux de vote aient été très faibles, voire nuls à tous les scrutins. Cela se comprend, car ces partis n’ont pas les moyens de payer les frais de représentation de leurs militants dans les 11 mille bureaux de vote ouverts dans le pays. Et c’est la raison pour laquelle je préconise que l’Etat prenne en charge cette question. Les conditions de transparence du vote et les nécessités que nous impose l’œuvre de construction démocratique justifient un tel sacrifice.

Vous avez connu trois ministres de l’Intérieur, quelle appréciation portez-vous sur le niveau de collaboration de chacun d’entre eux, pour réussir avec la CENA, la tenue d’élections libres et transparentes ?

En réalité, j’ai surtout travaillé avec Ousmane Ngom et Cheikh Tidiane Sy. Ousmane Ngom a été ouvert, en fonction des intérêts en jeu et des marges de manœuvres qui lui étaient laissées. Il a ainsi accepté de collaborer plus ou moins. Il est vrai que sur une question majeure comme la composition du fichier électoral il a freiné des quatre fers. Quant à Cheikh Tidiane Sy, son attitude m’est parue inqualifiable. Il a systématiquement refusé, avec parfois une arrogance surprenante, de collaborer avec nous. Je me souviens des termes d’une conversation que nous avons entretenue et il me peine de les rapporter ici. C’était à la suite d’une lettre de rappel que nous lui avions adressée, à propos d’un arrêté ministériel qu’il devait édicter, pour nous permettre d’exécuter notre mission. Comme seule réponse il nous dira : « si vous n’avez rien à faire, laissez moi tranquille, moi j’ai du travail ». Son manque de courtoisie et d’élégance me laissait sans voix. Il en a toujours été ainsi avec lui. Les deux dossiers de Ndoulo et de Ndindy qui sont bien connus de l’opinion n’avaient fait que confirmer la nature des rapports qu’il entretenait depuis toujours avec la CENA. Le ministre Cheikh Tidiane Sy a eu la même attitude de défiance, quand la CENA lui a adressée une demande, pour obtenir la participation à un séminaire de deux jours qu’elle se proposait d’organiser, de deux responsables du ministère impliqués dans l’organisation des élections. Quant au nouveau ministre de l’Intérieur, Bécaye Diop, je n’ai pas vraiment eu le temps de travailler avec lui. Avec le respect que je dois aux uns et aux autres, je me suis toujours demandé, comment en est-on arrivé à choisir un tel personnage, pour conduire une charge ministérielle aussi importante que celle de ministre de l’Intérieur.

En quelques mots, est-ce que vous pouvez nous dire la critique majeure que vous formulez à l’égard du processus de vote au Sénégal, à la lumière de l’expérience que vous avez connue à la CENA.

(Ndlr : il marque un temps d’arrêt dans ses réponses, comme pour se préparer à répondre à une question grave). Je pense qu’il faut nécessairement fiabiliser davantage le fichier électoral et quand je dis cela, je pense à plusieurs choses, en particulier au nombre d’inscrits effectifs, la maîtrise des électeurs par tous les organes qui prennent part aux opérations électorales.

Il n’est pas, par exemple, possible que la CENA ne dispose pas de toutes les informations relatives au contenu exact du fichier électoral, il n’est pas non plus acceptable que les cartes non distribuées ne soient pas sécurisées, en les confiant, par exemple, à l’organe de contrôle du vote.

C’est ce que nous avions exigé, mais nous ne l’avons jamais obtenu. Il y a certaines opérations dans le processus qui doivent être revues de fond en comble. Prenons la distribution des cartes d’électeurs : nous avons constaté des carences notoires résultant de la sédentarisation des commissions de distribution. Nous pensons que ces commissions doivent être itinérantes, pour aller trouver les populations là où elles sont pour leur donner les cartes. Quand le ministre de l’Intérieur a ordonné la mise en place de commissions itinérantes, nous avons pu noter que dans une localité comme Ngoudomp, que là où les commissions sédentaires ont distribué 100 cartes en deux, voire trois mois, les organes itinérants ont pu en distribuer deux à trois cent cartes en un mois. Si on veut travailler sérieusement, on devra alors songer changer les règles à ce niveau, comme le réclame la CENA. J’insiste pour terminer sur la nécessité de fiabiliser davantage le fichier électoral.

Quels sentiments vous habitent aujourd’hui que vous quittez la présidence de la CENA ?

Je le répète, tristesse pour mon pays et inquiétude. Paradoxalement, je suis en même temps serein, car je demeure convaincu que nul ne pourra plus ramener ce pays à l’ère de la pierre taillée, en matière électorale. Toute tentative à ce sujet sera vaine. Avant de finir cet entretien, je voudrai souligner que la CENA n’a pas été inutile, elle a géré du mieux qu’elle a pu toutes les élections qui ont été organisées dans le pays, après son installation. Nous n’avons pas été totalement satisfaits des résultats obtenus, mais nous n’avons non plus à en avoir honte. Au contraire même ! Permettez-moi de rendre hommage aux membres de la CENA, en distinguant certains membres que sont Mohamed Fall, Issa Fall, Papa Sambaré Diop, Mouhamadou Mbodji. J’ai toujours obtenu leur soutien et leur collaboration franche et loyale, pour un respect strict de la loi et de l’esprit de notre mission. Je les en remercie sincèrement. Je voudrai confondre dans ses remerciements le Secrétaire général de la CENA que j’avais eu beaucoup de mal à nommer en 2005 à son poste, du fait de l’opposition du gouvernement qui n’en voulait pas. Ils ont voulu m’imposer un officier, un commandant de l’armée, dont je n’avais pas voulu. C’est dire que ma présence à la tête de la CENA n’a presque était qu’un combat de tous les jours, pour arracher plus de liberté et me donner plus de marges de manœuvres, pour conduire la mission qui était la mienne. Je pars apaisé et la tête haute.

Réalisée par Abdou Latif COULIBALY et Pape Amadou FALL

Laisser un commentaire